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Les hauts !

D 13 juillet 2013     H 23:50     A Patrice MOREL    


J’ai eu cette opportunité d’interviewer Léo FERRÉ à la Fête de l’Humanité dans le cadre de mon travail de journaliste au Comité d’entreprise des cheminots de Paris-Nord pour son journal « Voix Libres ».
C’était la célébration du bicentenaire de la Révolution française.
En ce jubilé des 20 ans de la mort de Léo (déjà !), comme un pied de nez anarchiste (mourir un 14 juillet !), je vous livre cet échange.

Léo Ferré

Patrice Morel : Léo FERRÉ, bonjour.
Léo Ferré : Bonjour.

PM : Voix Libres, notre journal. Qu’est ce que cela exprime Voix Libres pour toi ?
LF : Çà me fait plaisir déjà qu’il y ait un journal qui s’appelle comme ça.
Je souhaite vraiment de tout mon coeur que ça marche et que vous soyez libres dans la voix, dans le coeur, et partout.
Moi j’aime beaucoup les trains. C’est pas facile pour les gens qui s’en occupent, qui sont dans les trains, qui travaillent dans le train.

PM : On approche 1789, 1989 ?...
LF : Oui, c’est pas mal, c’est pas mal... bien sûr...
En 1789, ils ont foutu en l’air la royauté, mais tout de suite ils ont fait une loi qui s’appelle « Le Chapellier » qui empêche les gens de se réunir dans la rue à plus de deux. A trois ce n’est pas possible. Et ça a duré tout le temps de la Révolution.
Alors ça, ça m’impressionne. Faut le dire... la liberté un peu contrôlée...

PM : Contre le système associatif alors ?
LF : Contre le système associatif.

PM : L’anarchie complète ?
LF : Voilà.

PM : Le train ? Est ce que tu as une anecdote à nous raconter ?
LF : J’en ai peut-être, j’y pense pas tout de suite.
Ah oui... j’ai une anecdote qui n’est pas tellement lointaine :
J’avais pris le train pour aller à Paris, le TGV. Et le contrôleur était venu me dire bonjour, comme ça. Il me dit : « Vous voulez venir, là bas, dans la cabine ? » ; Je dis « oui ».
Alors je suis allé dans la cabine. C’est la première fois que j’ai eu peur dans le train. Et le type,... il allumait une cigarette (mimes de la vigile). Il faisait comme ça « tac tac », je lui dis : « à combien vous allez ?, »260km/h... maximum quoi« , »je lui dis « mais comment ça marche ? », alors il était là, et puis il prenait la cigarette et me dit : « mais c’est pas moi qui conduit, c’est Paris ».
C’est formidable...
Et à ce moment donné il a repris la vitesse normale, parce que le TGV c’était fini, et là ça m’a intéressé, quoi...
C’est un monde qui est inconnu, et pourtant un monde quotidien, journalier. Des trains il y en a, il y en a...
Et ça je trouve ça formidable de rencontrer des choses comme ça.

PM : Les cheminots c’est...
LF : Ah ! les cheminots c’est...
Plein de grâce...
Plein d’amour...
Et...
Ça tient le coup.

PM : Je te remercie Léo FERRÉ.
LF : Je t’en prie.


Photo de Léo : Patrice Morel

En tant que cheminot, et de surcroît ancien habitant de la banlieue parisienne, j’adresse toutes mes pensées aux usagers touchés par l’effroyable accident de Brétigny-sur-Orge.
D’autres pensées vont bien-sûr à mes collègues, en insistant sur l’éloge faite par Léo :
Ah ! les cheminots c’est...
Plein de grâce...
Plein d’amour...
Et...
Ça tient le coup.

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