Gare
du Nord, un certain jour, une certaine heure, rentrant de mon travail
dans mon train de banlieue je m’assoie sur un siège dans la partie
isolée de la voiture.
Sur la banquette jouxtant la mienne, une femme regarde les voyageurs se
hâtant sur le quai pour prendre leur train. Un peu plus loin c’est un
jeune homme assis qui nous tourne le dos solitaire avec ses oreillettes
qui battent le rythme de ses pensées.
La jeune femme croise les jambes et sa jupe fendue glisse dessus.
Mon regard essaie d’être discret, mais je ne peux m’empêcher de
parcourir cette image sensuelle qui s’offre à mes yeux. Elle est cadrée
en 24X36. Je me sens épris d’une certaine nervosité comme un jeune
amoureux qui n’oserait déclarer ses attentions.
De gare en gares, le jeune homme est toujours là.
Je sort mon appareil photo de mon sac et le triture en faisant du bruit,
comme si je présentais une carte de visite à celle qui voudrait bien la
prendre.
Déjà cinq gares de passées et le jeune homme est toujours là.
A la gare suivante il descend, puis le train repart en nous laissant
seuls dans cet « aparté » de voiture.
Mon cœur bat, puis je me décide : « Excusez-moi madame de vous
déranger, mais puis-je prendre une photo de vous ? ». Elle acquiesce
d’un hochement de tête puis repart dans sa rêverie. Je fais deux photos
puis lui demande de croiser les jambes dans l’autre sens ; Ce qu’elle
fait sans mot dire. Je déclenche à nouveau, puis l’appareil se bloque.
Elle se lève, en disant : « Je descend à cette station » en
acceptant ma carte pour lui remettre le cliché si elle le désire. Depuis
j’ai toujours cette photo sur moi pour lui remettre.
Fin de pellicule.
Retour à la Galerie |