Le Manifeste - N° 12 - Janvier et février 2005
Éditorial
Asie du sud
La vague et la vigilance
S oyons clairs : le capitalisme n’est pas responsable du raz de marée qui a
submergé le sud de l’Asie. Mais la catastrophe jette une lumière crue sur sa
réalité : hôtels de luxe d’un côté de la rue, misère sans nom de l’autre,
tourisme sexuel sur les trottoirs. Coup de projecteur blafard sur une guerre en
Irak dont les destructions s’élève à plus de 400 milliards de dollars, largement
plus que le nécessaire pour reconstruire en Asie. Et comme chaque fois que
l’humanité affronte des tragédies effroyables, l’odeur écœurante des médias qui
surfent sur la vague du sensationnel (alors qu’ils laissent dans l’ombre les
millions de victimes que font chaque année la faim, la misère, la guerre...).
Mais à la déferlante naturelle a succédé une déferlante humaine, une vague de
générosité. On peut parler de l’émergence d’un mouvement populaire mondial,
annonciateur d’un nouvel ordre pour la planète. Certes ce mouvement n’est pas
orienté contre le capitalisme. C’est un mouvement de compassion, le mouvement
d’une humanité qui se cherche, un authentique mouvement de solidarité. Il
n’empêche : aussi sûrement que la vague dévastatrice a ébranlé la terre sur son
axe, la vague humaine a ébranlé le capitalisme sur ses bases. L’anarchie
capitaliste a montré sa terrifiante incurie. En quelques jours, l’Onu qui était
descendue bien bas a retrouvé sa légitimité internationale. À Djakarta, les
puissants ont dû faire preuve d’un peu d’humanité, d’humilité aussi.
Le reconstruction ne sera pas une simple re-construction. Du nouveau émergera.
Les images ont montré le visage monstrueux d’une catastrophe mais l’humanité a
pointé du doigt quelques unes de ses tares les plus hideuses. Une vigilance est
née.
Francis Combes, André Gerin, Freddy Huck